Bilans de saison 2023


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Au cours du mois de septembre 2023, l’ADA Grand Est a organisé trois rencontres en sous-région, permettant ainsi aux apiculteurs de se rencontrer et d’échanger. Au total, 56 participants se sont réunis dans 3 départements du Grand Est :

  • 14 septembre – Muttersholtz, Bas-Rhin : 18 participants
  • 19 septembre – Saint-Ouen-lès-Parey, Vosges : 25 participants
  • 26 septembre – Moiremont, Marne : 13 participants

Ces journées ont permis des échanges sur la saison apicole 2023 ainsi que sur les enjeux actuels propres à chaque territoire (production, gestion de la pression varroa et la commercialisation). Puis c’est à travers différents ateliers que les apiculteurs ont pu partager leur point de vue et expériences sur différentes thématiques telles que : la gestion de la sécheresse et l’accès à l’eau, l’accès aux emplacements en forêt domaniale, la gestion du frelon asiatique et les méthodes de mise en hivernage. L’ADA Grand Est a également pu présenter aux apiculteurs présents ses projets d’expérimentations en cours et son catalogue de formation 2023-2024.

Production 2023

La majorité des apiculteurs se disent satisfaits de la production de miel de l’année 2023, qui leur a permis de restaurer leurs stocks après deux années aléatoires entre pluie et gel, avec des calamités sur tout le Grand Est en 2021 et des secteurs très affectés par le manque d’eau et la sécheresse en 2022. Ils notent notamment des entrées de pollen et de nectar régulières de juin à août.

Les miellées de fleurs, colza et tilleul étaient satisfaisantes, et l’acacia, bien présent même si la miellée a été assez courte sur certains secteurs. La miellée de châtaignier a été limitée mais tout de même présente après avoir été quasi inexistante pendant deux ans. La miellée de sapin s’est étalée du 10 juillet au 15 août avec des variations de récoltes très marquées d’un secteur à l’autre du massif vosgien. Enfin la miellée de Luzerne était précoce et moyennement satisfaisante en Marne, allant de fin juin à fin juillet.

En arrière-saison, de fortes miellées ont été signalées (lierre, balsamine, sarrasin…), permettant de réduire drastiquement le besoin de nourrir les ruches pour l’hivernage.

Adaptation au climat

S’il n’y a pas eu de canicule extrême cette année, quelques épisodes climatiques ont tout de même pu influencer négativement les rendements sur certains territoires : des apiculteurs signalent notamment un fort vent Nord-Est en mai, des coups de chaud et des sécheresses en Juin faisant fortement baisser les entrées de nourriture et entraînant dans certains ruchers des arrêts de ponte.

Les apiculteurs ont aussi pu échanger sur leurs astuces et pratiques en termes d’isolation des ruches : la majorité maintiennent une isolation du toit et du plancher, aussi bien en été qu’en hiver, afin de réduire l’impact des fortes chaleurs sur les colonies. Les pratiques de chacun quant à l’accès à l’eau pour leurs colonies ont aussi été évoquées : certains apiculteurs amènent un point d’eau avant d’apporter leurs ruches sur un nouveau terrain afin de limiter le butinage dans les piscines avoisinantes et les potentielles intoxications à de l’eau polluée.

Enfin, 2023 a été une année de fort essaimage dans l’ensemble des départements représentés, impactant divers profils de colonies. Certains apiculteurs émettent l’hypothèse de pollen abondant au printemps, incitant davantage les colonies à essaimer.

Les participants ont pu échanger des solutions de gestion de température dont l’importance d’une bonne localisation des ruchers (gestion de l’ombre) ou leur propre résistance aux canicules pendant la saison a aussi été abordée (utilisation de gilets refroidissants sous la vareuse ou planification des tournées en fonction des expositions au soleil).

Mise en hivernage

Les pratiques de mise en hivernage sont très variables d’un apiculteur à l’autre et il ne ressort pas de nos rencontres une pratique standard et homogène. Cependant, la majorité des apiculteurs réduisent et resserrent leurs colonies sur un nombre de cadres plus restreints durant l’hiver (de 4 à 7 cadres). Certains pratiqueront la réduction de la colonie dès septembre alors que d’autres préféreront réduire en février avant le démarrage du printemps.

En termes d’isolation, les pratiques varient aussi en fonction des modèles de ruche et des préférences de l’apiculteur : certains utilisent des partitions bois ou avec couche de polystyrène et certains utilisent des PIHP « partitions isolées à haute performance » fabriquées sur le modèle de Damien Merit.

Varroa et frelon asiatique

Du côté sanitaire, la pression varroa semble avoir été faible sur de nombreux secteurs (moins de 3% d‘infestation constatée en fin d’été sur la majorité des 133 ruches suivies au cours de notre programme « Alternance »). De fortes infestations ont tout de même été recensées sur des ruchers positionnés aux sapins (plus de 15%), mettant en péril le devenir des colonies.

L’état des pressions varroa dépend des pratiques apicoles de chacun et doit être suivi individuellement. Pour la majorité des apiculteurs conventionnels, leur stratégie de lutte contre cet acarien se pratique avec : un traitement à l’aide de médicaments AMM tôt en fin de saison, puis un suivi d’un traitement AMM à base d’acide oxalique par dégouttement durant l’hiver (pratique récente mais de plus en plus mise en œuvre pour son efficacité reconnue).

L’apparition du frelon asiatique sur de nombreux nouveaux secteurs jusque-là épargnés annonce sa présence sur tout le Grand Est pour 2024 (nouveaux secteurs : Vosges, Haut-Rhin et Bas-Rhin). Le GDS Grand Est était présent pour nous faire une présentation du plan national de lutte contre le frelon asiatique et les actions mises en œuvre sur le Grand Est.

Commercialisation du miel en 2023

Le sujet a été abordé lors des bilans de saison en septembre, puis face au déclin de la situation à l’automne, l’ADA Grand Est a décidé de conduire une enquête pour obtenir davantage de données concrètes en région.

La conjoncture actuelle sur le marché du miel affecte les producteurs au niveau national comme en Grand Est. Des difficultés sur la vente en gros sont constatées sur tout le territoire : début décembre 2023, avec plus de 40 répondants à l’enquête en Grand Est, il peut être constaté que plus de 62 % n’ont pas encore reçu d’offre des conditionneurs pour vendre leur miel en gros. 25 % estiment l’offre reçue trop basse et 23 % estiment avoir déjà vendu à prix satisfaisant.

Les ventes directes sont aussi en déclin avec une estimation des baisses allant de 15 à 30 %. Cette baisse se ressent sur le miel mais aussi sur les autres produits de la ruche, les consommateurs semblant les considérer de plus en plus comme des produits haut de gamme (baisse des ventes directes des produits de la ruche estimées entre 10 et 30%).

Les retours sur la vente sous label BIO ne sont pas satisfaisants non plus. Les ventes du miel bio sont en déclin pour la vente en gros et la vente en détail, les magasins bio sont moins nombreux et le miel n’est pas épargné par le déclin des achats de produits bio au niveau national. Cette réduction de l’achat bio peut être corrélée par une baisse générale de la consommation.

Les apiculteurs qui font face à des difficultés de vente envisagent différentes stratégies afin de pouvoir maintenir la pérennité de leur exploitation, telle que la réduction de leur cheptel, l’arrêt des investissements, l’augmentation de la diversification ou encore le licenciement de salariés et la vente de matériel.

Nouvelles modalités d’autorisation d’implantation de ruchers en forêt domaniale par l’ONF

Depuis mai 2023, l’ONF a communiqué de nouvelles modalités d’implantation de ruches en forêts domaniales. Les différents retours des apiculteurs ont été pris en compte par l’ADA Grand Est, qui a depuis lancé une enquête à ce sujet dans le but de recueillir les réalités de terrain dans la région. Les données de l’enquête reflètent bien des difficultés de mise en œuvre de la nouvelle directive en 2023 avec des applications terrain hétérogènes selon les différentes zones concernées. L’ADA Grand Est partagera ces données avec l’ONF pour faciliter une meilleure mise en œuvre en 2024.

Ces rencontres ont été un franc succès et reviendront en région Grand Est l’année prochaine ! Nous tenons à remercier l’ensemble des apiculteurs qui ont participé à nos bilans de saison riches en échanges, mais aussi aux enquêtes que l’on sait nombreuses mais qui restent le moyen le plus rapide et efficace pour collecter des données sur la réalité du terrain

#Bilans de saison